La petite voix de Matthieu, médecin du RAID : écouter son intuition en plein chaos

Un médecin au cœur de l’impensable

Aujourd’hui, j’accueille Matthieu. Il est médecin anesthésiste-réanimateur, mais il ne l’a pas toujours été dans un hôpital de montagne. Pendant plus de dix ans, il a exercé au sein du RAID, cette unité d’intervention de la police nationale. Une expérience hors norme, rythmée par des entraînements exigeants, des interventions critiques et des moments où tout bascule.

Matthieu était présent lors de l’assaut contre Mohamed Merah en 2012. Cet événement marquera un tournant dans sa manière de voir son métier, d’écouter son intuition, et de se préparer à ce qui semblait alors inimaginable. Trois ans plus tard, cette intuition prendra tout son sens lors de l’intervention au Bataclan, un soir de novembre 2015.

1. De la montagne à l’hôpital, un rêve de secours

Dans son enfance, Matthieu rêve de secours en montagne. Il imagine rejoindre la gendarmerie pour vivre cette vocation. Finalement, il se tourne vers la médecine, choisissant l’anesthésie-réanimation comme spécialité. Un choix qui le mènera, sans le savoir, vers une autre forme d’intervention en milieu extrême : le RAID.

2. Rejoindre le RAID : entre raison et intuition

Quand le directeur du RAID vient le chercher en 2007, Matthieu ne saute pas immédiatement sur l’occasion. Il prend le temps de réfléchir, de consulter sa femme. À l’époque, il ne mesure pas encore ce que cette décision impliquera pour sa vie personnelle. L’intuition est là, mais elle doit cohabiter avec la raison.

3. L’assaut contre Mohamed Merah : un choc fondateur

En mars 2012, Matthieu vit sa première opération majeure : l’assaut contre Mohamed Merah. Trente heures d’attente avant l’assaut, une tension extrême, des blessés, une mort. C’est à ce moment-là qu’il commence à entendre sa petite voix. Celle qui lui dit que les process, pourtant millimétrés, doivent évoluer pour être à la hauteur de nouvelles formes de violence.

4. Réinventer la médecine d’urgence en contexte terroriste

Après Merah, Matthieu propose de nouvelles stratégies d’intervention. Il imagine des circuits de soin plus rapides, même en zone rouge. Il s’inspire de la médecine militaire, des pratiques à l’étranger. Ses idées, d’abord accueillies avec scepticisme, vont peu à peu s’imposer comme une nécessité.

5. Le Bataclan : quand l’intuition devient réalité

Le 13 novembre 2015, l’impensable devient réalité. Matthieu est appelé pour intervenir au Bataclan. Grâce aux réflexions entamées trois ans plus tôt, l’équipe est prête. Il n’y a pas de place pour l’improvisation, mais une concentration absolue. L’objectif est clair : sauver un maximum de vies, vite, malgré le chaos.

6. L’après : émotions, épuisement et gratitude

Une fois l’intervention terminée, la fatigue est immense. Physique, bien sûr, mais surtout psychologique. Matthieu se souvient de ce petit déjeuner pris en famille comme si de rien n’était, quelques heures seulement après l’enfer. Il reçoit alors un message d’un collègue qui résume tout : « On a fait quelque chose que je pensais inimaginable. »

7. De la crise au partage : un nouveau chemin

Matthieu quitte le RAID en 2021. Il continue à exercer comme médecin en montagne, mais accompagne aussi désormais des dirigeants et des équipes en entreprise. Il partage son expérience de la crise, du leadership, de l’intuition. Il veut transmettre ce qu’il a appris dans les situations les plus extrêmes, à ceux qui affrontent d’autres formes de tension.

8. La petite voix, cette boussole intérieure

Tout au long de son parcours, Matthieu n’a jamais cessé d’écouter sa petite voix. Pas celle qui crie dans l’urgence, mais celle qui murmure avant, pendant les moments de calme, les pages blanches. Cette voix qui nous aide à faire les bons choix, à nous ajuster, à rester humain dans l’action.

Ce que l’on retient de cet épisode : une leçon d’humanité et d’intuition

Écouter son intuition n’est pas un luxe réservé aux rêveurs. C’est une compétence essentielle, surtout dans les moments de crise. Matthieu nous montre que l’intuition, loin d’être une simple impression, peut devenir une boussole stratégique. Elle permet de faire face à l’incertitude, de guider une équipe, de garder son cap même dans l’extrême.

Ce que j’ai aussi retenu de notre échange, c’est l’importance de l’émotion. Non pas comme une faiblesse, mais comme un moteur. Accueillir sa peur, reconnaître ses doutes, c’est ce qui permet de rester ancré dans le réel et de décider avec justesse.

Quelques conseils pratiques tirés de l’expérience de Matthieu

• Ne chassez pas vos émotions : elles peuvent être des alliées précieuses dans l’action.
• Créez des temps de page blanche : des moments calmes pour vous recentrer avant d’agir.
• Nourrissez votre intuition : avec de l’expérience, de l’entraînement et de l’écoute intérieure.
• En temps de crise, adoptez un double leadership : une main d’empathie, une main de détermination.
• Le sport comme ancrage : pour Matthieu, le sport reste un pilier pour équilibrer corps, tête et cœur.

Écoutez cet épisode fort et sensible de La petite voix

Cet épisode avec Matthieu est intense. Il bouscule, il questionne, il inspire. C’est un témoignage rare sur ce qui se joue à l’intérieur de soi quand tout vacille autour. Si vous traversez un moment de doute, de crise, ou si vous cherchez à mieux écouter votre propre petite voix, cet échange vous apportera de précieuses clés.

Alors, prenez le temps. Installez-vous. Et laissez-vous guider par la voix de Matthieu.

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