Pedro : de l’ingénieur modèle à l’artiste aligné avec sa vérité

Dans cet épisode de La petite voix, j’ai reçu Pedro Correa, un homme à la trajectoire de vie bouleversante. Docteur en sciences appliquées et cadre dans une grande multinationale, Pedro menait une vie en apparence parfaite : carrière brillante, mariage, enfant. Pourtant, tout bascule à la mort soudaine de son père. Ce choc va l’arracher à une existence réglée et l’emmener vers une profonde transformation personnelle.

Aujourd’hui écrivain, photographe et conférencier, Pedro revient sur les étapes de sa métamorphose. À travers ce témoignage, on explore un récit de vie intense, fait de deuil, de doutes, mais aussi de résilience et de reconnexion à soi.

Le jour où tout bascule : une chute brutale, un choc existentiel

Pedro avait 29 ans quand son père est décédé brutalement, en Espagne, dans leur maison familiale. Ce décès a été un électrochoc. Non seulement il a vu son père mourir, mais il y a aussi vu sa propre fin symbolique. « J’ai vu mourir Pedro Correa », dit-il. Ce moment a été le point de départ d’une crise existentielle majeure. L’événement réveille en lui une question obsédante : « Que ferais-tu si tu savais que tu allais mourir demain ? »

Une douleur profonde masquée par une vie « réussie »

Avant ce drame, rien ne laissait présager un tel bouleversement. Pedro suivait un parcours exemplaire : diplôme d’ingénieur, famille, maison, carrière. Pourtant, un mal-être diffus s’était installé. Ce n’était pas un cri intérieur, mais un inconfort subtil, étouffé par des couches de voix extérieures – celles de la société, de la famille, des attentes. Un modèle de réussite qui ne lui ressemblait pas.

Trois années de nuit noire de l’âme

À la douleur du deuil s’ajoute celle du doute. Pedro traverse alors trois années particulièrement sombres. Il vit un vide émotionnel total, même face à son propre fils nouveau-né. Ce choc le pousse à consulter des thérapeutes et à explorer son histoire familiale, ses peurs, ses conditionnements. Petit à petit, il déconstruit l’identité qu’il s’était forgée pour en créer une nouvelle, plus authentique.

Une ouverture vers l’invisible… malgré lui

Pedro, cartésien et rationnel, se retrouve face à des expériences qui dépassent son entendement. Il ressent la présence de son père, assiste à des signes troublants comme un tourbillon de paille suivant le corbillard. Il entre en contact avec un médium mexicain via Skype, qui lui livre des messages impossibles à inventer. Ce lien avec l’au-delà, d’abord perturbant, devient un soutien pour lui et sa mère, en proie à une profonde dépression.

Quand l’entourage ne suit plus : solitude et ruptures

Le chemin de transformation ne va pas sans frottements. Son épouse ne reconnaît plus l’homme qu’elle a épousé. Son frère, très rationnel, rejette en bloc ces nouvelles croyances. Ces incompréhensions mènent à des ruptures douloureuses, voire à une coupure totale de communication. Pedro apprend à accepter que chacun avance à son rythme.

Quitter une vie confortable pour se lancer dans l’inconnu

Le changement de vie s’opère par étapes. Après sa séparation, Pedro quitte progressivement son travail. Il ne plaque pas tout sur un coup de tête, mais aménage sa sortie : temps partiel, projets personnels, exploration artistique. Un jour, c’est la bascule : le cadre sup devient photographe. Puis vient l’écriture, avec un premier roman autobiographique, Matin clair, suivi d’un roman de fiction, Le cercle des héros anonymes.

Synchronicités et foi dans la vie : un livre jusqu’à Cannes

Sa trajectoire est aussi jalonnée de synchronicités. Une tarologue, contactée pour des conseils, se révèle être éditrice. Elle envoie son manuscrit à une maison réputée : Le Seuil. Quelques jours plus tard, il est accepté. Aujourd’hui, ce roman fait partie des 12 ouvrages sélectionnés pour être pitchés au Festival de Cannes auprès de producteurs internationaux. Preuve que l’intuition, alliée à la stratégie, peut porter très loin.

Les grands enseignements de l’épisode : écouter sa voix intérieure, même dans le chaos

Ce que nous enseigne Pedro, c’est qu’écouter sa petite voix n’est pas une démarche confortable. Elle implique parfois de tout perdre : repères, statut, relations. Mais c’est aussi ce chemin qui permet de se reconnecter à sa vérité. Il faut souvent une crise pour briser les illusions. Le deuil, la douleur, les ruptures sont alors les catalyseurs d’une renaissance personnelle.

Conseils pratiques de Pedro pour se reconnecter à soi

1. Accueillir l’inconfort comme un signal : il indique un désalignement intérieur.
2. Prendre le temps : ne pas chercher à tout transformer d’un coup.
3. Se faire accompagner : psychologues, constellations familiales, lectures.
4. Créer des rituels personnels : comme se recueillir auprès d’un arbre en forêt.
5. Explorer sans jugement : même les voies inattendues comme la médiumnité ou le Yi Jing.